Sculpteurs

Depuis les dispositions juridiques prises en 1968 et 1981, les tirages d’épreuves originales sont limités en France à huit exemplaires issus du même moule auxquels s’ajoutent quatre exemplaires dits d’artistes « hors commerce »(HC ou EA). Avant cette obligation, les tirages des éditions originales étaient illimités. Gilles Perrault 

Plus d'informations sur les tirages en bronze par Gilles Perrault "l'oeuvre originale et la sculpture" (Gilles Perrault.com)

La fonte en bronze

Le bronze, initialement alliage de cuivre (65% min.) et d’étain, appelé également airain, est devenu un terme générique englobant également le laiton (alliage de cuivre et de zinc). C’est un matériau de duplication parmi bien d’autres, mais il est choisi pour ses qualités de coulabilité et d’inaltérabilité (photo n°20). Il prend forme, dans le cas qui nous préoccupe, par fusion et coulée dans un moule réfractaire. Il ne peut en aucun cas être travaillé directement par le sculpteur. Toute la statuaire en bronze est donc issue d’un travail collectif : l’oeuvre est successivement confiée au mouleur, au fondeur, au ciseleur et enfin au patineur. Les tirages d’épreuves en bronze réalisés par des ouvriers n’en conservent pas moins tous les détails plastiques de l’oeuvre initiale. (cf Schéma des phases successives de la réalisation d’un bronze d’art jusqu’au milieu du XXème siècle) On notera que seuls les plâtres originaux et d’ateliers sont récupérables ainsi que le moule à pièces en plâtres. Ces duplicatas successifs ne se font pas sans une altération de l’oeuvre primitive, ce qui justifie la recherche par les amateurs d’art de la réalisation la plus proche de l’oeuvre de départ travaillée par le sculpteur.

 

CONCLUSIONS

Une sculpture originale en bronze est issue de plusieurs étapes de moulages et de préparations avant d’être présentable et ressembler à l’oeuvre initiale en terre crue. Elle peut être unique, tirée en de multiples exemplaires, ou depuis 1968 tirée seulement à 8 exemplaires plus quatre épreuves d’artistes tout en conservant pour chacune le label « d’œuvre originale ». Les tirages réalisés après le décès de l’artiste par ses ayants droits conservent aussi dans la limite autorisée les qualificatifs d’œuvres originales. Mais ces fontes posthumes non surveillées par l’artiste bien que « originales » ne possèdent pas la même valeur pour les amateurs d’art que les épreuves réalisées du vivant du sculpteur.

Une sculpture en plâtre est considérée comme originale lorsqu’il s’agit du tirage issu directement du moule à creux perdu. Ce plâtre original, unique, est à opposer aux tirages ultérieurs obtenus à l’aide d’un autre moule démontable. Pour les amateurs d’art éclairés, le plâtre original tient sa valeur de l’extrême fidélité de la reproduction de ses volumes, alors qu’un plâtre d’atelier ne porte plus tous les détails de l’empreinte de l’artiste.

Une sculpture en terre cuite est considérée comme originale lorsqu’il s’agit d’une œuvre réalisée directement dans une terre à cuire. Argile naturelle mélangée à de la brique pilée (chamotte). La cuisson modifie sensiblement les proportions entre les parties épaisses et fines. L’oeuvre qui s’est solidifiée est unique.

Une terre cuite d’édition est une oeuvre dont la terre à cuire a été estampée ou coulée dans un moule. Les volumes de ces sculptures bon marché, sont moins vifs que dans les cas précédents. Grâce au législateur, qui n’était assurément pas sculpteur, depuis 1968 la notion d’originalité fiscale a aussi élargi l’originalité technique et plastique des sculptures en terre cuite. Il a offert aux terres cuites moulées éditées dans la limite de 8 exemplaires la qualité d’oeuvres originales. Cet imbroglio a ouvert la voie à de nombreux abus.

Du point de vue stylistique une œuvre est originale lorsqu’elle comporte l’empreinte caractéristique d’un artiste, ce qui la rend unique aux yeux du connaisseur. Avant 1968, l’édition originale d’une sculpture en bronze, ou dans un autre matériau, n’était ni limitée dans le temps, ni par le nombre d’exemplaires.

Gilles Perrault