Joseph

Joseph artworks, Thierry Michelet, artiste plasticien, utilisant le concept du miroir, qui renvoie notre propre image dans l'oeuvre,

Joseph est né à Paris, le 22 octobre 1961. Il vit et travaille dans le sud de la France.

Présent sur la scène artistique dès 1985, Joseph est influencé par tous les symboles d'une culture populaire de masse, il fait partie de cette nouvelle génération d'artistes prolixes animée par un désir de dialogue en opposition à la radicalité des années 70. Se nourrissant du travail de ses pairs cet artiste plasticien s'empare de tous les médiums et détourne les vieux papiers témoins de notre culture contemporaine.

Après avoir étudié l'architecture à l'EDPI puis les arts graphiques à l'école Sornas, Joseph accompli sa préparation à l'école des Beaux Arts à où il étudiera la peinture et le dessin,son dilettantisme le conduisant plus souvent à arpenter les allées des musées parisiens que les couloirs de la rue Bonaparte.

Alors que le travail des Nouveaux Réalistes , principalement Hains et Villeglé le passionnent, c'est sa rencontre avec celui d'Antoni Tapiès qui se révélera déterminant.

Il s'interroge sur la question de l'intervention essentielle des pigments et des pâtes comme unique forme d'expression.

Images d'atelier: des jours, des semaines de travail sur chaque pièce pour obtenir l'effet escompté...

Mémoire sur la série "steel" par Joseph

Le travail engagé dans la série ''STEEL'' est, dans un premier temps, le choix de l'utilisation de mots plutôt que d'images, ou d'abstractions. 

Chacun des mots ou des textes utilisés a sa propre autonomie, ceux-ci pouvant être, quand le besoin s'en fait sentir, accompagnés d'un court texte explicatif. 

Trois matériaux distincts sont utilisés dans la réalisation de la ''coque'' ; l'acier, l'aluminium et l'inox poli. 

La démarche comprenant l'utilisation de l'inox poli est différente de celle des autres métaux, son sens sera développé plus loin dans ce texte.  

L’œuvre à la chaux enchâssée dans la coque est travaillé par couches successives, à raison d'une couche par jour et cela durant plusieurs jours. Les couches symbolisent les strates qui construisent notre existence, couche après couche, menant au résultat de notre personnalité actuelle, non finie, l'homme comme l’œuvre étant la somme de ces strates. L'aspect d'un travail de chaux achevé tente vers la mimèsis, 

D'autre part,le travail à la chaux est agencé par cases d'environ 12cm par 20cm afin de symboliser les briques qui constituent notre construction personnelle puisque deux principes fondamentaux interviennent de manière indépendante, notre volonté de faire et le libre arbitre de nos choix symbolisés par la brique, en regard de la marche du temps ainsi que des phénomènes extérieurs symbolisés par la chaux (ce que nous subissons).

L’œuvre à la chaux achevée, celle-ci n'est visible qu'à travers les typographies découpées dans le métal, alors qu'elle pourrait constituer une œuvre par elle-même, indépendamment de la coque en acier. C'est pourtant ainsi que nous sommes perçus, en tant qu'individus, en ne laissant paraître que des bribes de notre personnalité alors que nous existons dans notre entièreté (entirety).

L'intervention de la coque en acier ou en aluminium, le fait mis à part du texte représenté, symbolise notre présent par la raideur et l'uniformité de son aspect. Notre présent est également le lieu et le moment d'une réflexion représentée par le texte, elle n'est pas, ou rarement, intemporelle dans la mesure ou elle ne fera peut être plus sens dans quelques années et que nous n'aurions pu la verbaliser avant.

L'assemblage du travail à la chaux confronté à la raideur de l'acier adresse un signal au visiteur, lui donnant l'intuition de ce qu'il voit, contribuant à exacerber sa réflexion quant au passé et au présent, sans en avoir conscience, c'est le moment où la raison se met à voir. 

L'INTERVENTION DE L'INOX

Lors des entretiens que Marcel Duchamp accorde en 1960 à Geoges Charbonnier, il nous indique que l’œuvre est autant créée par le regardeur que par l'artiste, l’œuvre assigne par conséquent au regardeur une place, une fonction et un pouvoir, agissant comme une mise en abîmes puisque le regardeur se voit dans l’œuvre (reflet de l'inox poli) et voit dans un même temps à travers elle, d'une autre manière c'est son regard qui la concrétise dans sa globalité. 

Le reflet du regardeur dans l'inox poli est la pièce clé de l’œuvre, car si l'on considère l’œuvre comme réalité subjective, la question de la création se trouve inversée, le    regardeur devenant créateur et l’œuvre une utopie partagée.

Si l'émotion esthétique est différée, la question de la création et de la mimèsis est soulevée par cette inversion.

Delacroix nous indique qu'une œuvre condense momentanément une émotion que le regard du spectateur se doit de faire vivre ou évoluer. 

A PROPOS DE L'ACIER

Un complément d'information est à apporter concernant les aciers travaillés aux acides. J'ai souhaité initier ce travail afin de prolonger la réflexion engagée dans les travaux à la chaux. 

Il manquait sur cette symbolique du ''présent'', les marques du ''passé''. Or, comme certaines choses ont la capacité de nous construire, d'autres épreuves nous marquent d'une manière indélébile et définitive. Le travail effectué grâce à différents acides et produits corrosifs (iodure de cuivre, sel, eau oxygénée, acide chlorhydrique) engendre un résultat qui est la somme d'un acte volontaire ; puisque je travaille ces produits comme une peinture, et involontaire puisque les produits vont ronger l'acier de manière aléatoire. 

La résultante de ces actions volontaires et involontaires engendre la sérendipité souhaitée, Derrida nous disait que ''L’œuvre d'art est un acte de maladresse volontaire''. 

Les pièces acier subissent 16 étapes de ponçage et polissage, elles sont protégée ensuite par un vernis thermolaqué mat ou satiné.